lundi 2 mars 2009

A la marge (1/2)


«Un peu en marge plutôt qu’au centre »

Il semblerait que Scarlett Johansson ait :

1 – lu tout Gramsci, Foucault et Halberstam
2 – suivi les cours sur Madonna et le post-modernisme par l’incomparable Gregory Hollyfield
3 – lu / entendu des digests des précédents

Résumant son aventure louisianaise à l’origine de Anywhere I lay my head, elle déclarait en effet se sentir à sa place « un peu en marge plutôt qu’au centre ». On peut se demander en quoi prêter sa voix mais surtout sa notoriété à un album de reprises de Tom Waits constitue une quelconque prise de risque, un éloignement des sentiers battus. S’entourer de cerveaux créatifs et reconnus dans le milieu pour dépoussiérer des titres d’un artiste respecté n’a rien de périlleux, ne constitue pas un acte manifeste d’éloignement du cœur du système qui vous a lancée.
Pas plus d’ailleurs que d’être l’égérie de Woody Allen, ou de la très branchée et valeur sûre du box office Sofia Coppola, iconoclaste s’il en est, ayant la belle audace, dans un film encore moins prenant que The Virgin Suicides, de mêler ornements baroques et épure shoegaze, d’introduire sans aucune valeur ajoutée des converses à la cour, tout en dessinant des escarpins autrement moins accessibles pour Vuitton, institution en marge par excellence.

Mais revenons à notre Scarlett : les admirateurs transis de son physique de poupée gonflée du cinéma muet*, ensorcelés par son personnage de femme-enfant d’un autre temps, dont la vulgarité dans toutes ses acceptions se revêt des habits d’un glamour rétro, plutôt que du bronzage ou des extensions d’une prom queen en puissance, ils ne pourront que s’extasier, toujours. Malgré un manque d’initiative propre et une voix qui ne rattrape rien. Pour ce qui est de jouer les guest stars aux côtés de vieillissants Jesus & Mary Chain, face à un public de Coachella largement nourri au biberon des bandes son des films de Sofia : ni grand écart, ni sortie d’orbite pour la première, sacré coup de jeune et de com’ pour les seconds.

Ceci dit, elle est peut-être bonne actrice. Mais c’est un autre sujet.

Béatrice Caroline

* Les Inrockuptibles, 2008

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire